Implanté en Chine depuis 2014, Algeco a su s’imposer comme un acteur majeur du bâtiment modulaire dans le pays. À travers le récit d’Anil Karnatak, directeur général d’Algeco Chengdong, retour sur l’épopée chinoise d’Algeco.
Né à Paris de père indien et de mère française, Anil Karnatak est attiré très tôt par l’international. « Dès la fin de mes études de chimie, raconte-t-il, je suis parti vers l’inconnu en Chine, où j’ai épousé ma femme, une Chinoise mandchoue. Après quelques années professionnelles en France dans le monde de l’aluminium, je suis reparti en expatriation aux États-Unis et à Hong Kong. »
Partir d’une feuille blanche
Il intègre Algeco en 2012. L’entreprise est alors en phase finale de décision pour la création d’une joint-venture en Chine. Connaissant son expertise du pays, le président-directeur général lui demande de confirmer le potentiel du marché chinois et d’auditer le partenaire présélectionné, Beijing Chengdong. Il est ensuite missionné pour négocier le contrat de joint-venture et prendre la tête de la nouvelle entité, baptisée Algeco Chengdong. « Nous avons démarré l’activité en 2014 avec huit collaborateurs, se souvient Anil Karnatak. Les débuts ont été difficiles, car il a fallu tout créer à partir de zéro : un site d’assemblage, un centre de location, une supply chain… et un marché. En outre, mes collègues ne parlant que très peu anglais, j’ai dû améliorer mon chinois en mode accéléré ! »
Un module qui révolutionne les chantiers
Pour accompagner la montée en puissance d’Algeco Chengdong, le Groupe envoie des experts sur place et invite les collaborateurs de la joint-venture à visiter plusieurs sites européens pour y apprendre les meilleures pratiques en termes des sécurité, de Lean management(1), de gestion d’une flotte locative, etc. Quant à l’offre produit, elle est définie en hybridant de nombreuses gammes Algeco existantes. « À l’époque, explique Anil Karnatak, la construction modulaire n’était pas très développée en Chine. Sur les chantiers, les espaces fonctionnels étaient installés dans des bâtiments à structure métallique assurant une faible isolation thermique et phonique. À usage unique, ils étaient entièrement détruits à la fin des travaux, sans recyclage des matériaux. Le module Algeco a été une véritable révolution et, malgré son coût au mètre carré six fois supérieur à l’ancien produit chinois, il a été très bien accueilli. »
Une compétition stimulante
Victime de son succès, le module Algeco est copié en quelques mois. Cependant, malgré la concurrence très forte, l’équipe d’Algeco Chine reste sereine. « Les Chinois ont une capacité impressionnante à apprendre : ils comparent et analysent tout ce qui existe et prennent le meilleur en l’améliorant et en l’adaptant à leurs besoins locaux. Mais notre véritable valeur réside dans la location et les services associés, et tout ce qui touche aux services est beaucoup plus difficile à copier car cela repose sur des années d’expérience et d’amélioration continue de nos process », estime Anil Karnatak. En outre, le marché chinois est suffisamment vaste pour offrir de nombreuses opportunités : création d’aéroports, de lignes ferroviaires et d’autoroutes, construction de sites pour les Jeux olympiques d’hiver de 2022, chantier de la nouvelle ville de Xiong'an au sud de Pékin… « Jusqu’à l’année dernière, note Anil Karnatak, nous étions implantés uniquement autour de Pékin. Mais la demande et la compétition se développant dans l’ensemble de la Chine, nous avons ouvert six nouveaux points de vente et trois nouveaux dépôts en 2019. »
Vers une diversification du marché
En 2020, avec 110 employés, Algeco Chengdong continue son expansion géographique afin de pouvoir rapidement couvrir l’ensemble du territoire. « Le marché actuel est à 99 % dans la construction et les infrastructures, analyse Anil Karnatak, mais nous pensons que les besoins vont se développer dans l’industrie, les écoles, les administrations, etc. comme c’est le cas en Europe. Et nous serons prêts à répondre à cette demande. »
(1) Système d’organisation du travail.