Les bureaux du département Informatique de l’entreprise Givaudan à Argenteuil font partie de ces installations qui se distinguent par leur originalité, leur fonctionnalité et leur degré de finition. Le remarquable agencement des câbles informatiques notamment ainsi que l’absence de faux plafonds qui accentue l’impression d’espace et de fluidité des bureaux en font un projet d’exception. Nous avons sollicité le « binôme » à l’origine de cette réalisation, Dominique Chaize, directeur technique Givaudan et Guillaume Peluchon, commercial Algeco, pour en découvrir les coulisses et en savoir plus sur ce franc succès. Conversation entre passionnés.
Dominique Chaize, directeur technique Givaudan et Guillaume Peluchon, commercial Algeco
à l’origine de ce projet ambitieux
et enthousiasmant.
Qui est Givaudan ?
Dominique CHAIZE : Fondée en 1895 par Léon GIVAUDAN, Givaudan est le leader mondial de l’industrie de la parfumerie et des arômes. Son siège social est situé à Vernier (GENEVE), en Suisse, et ses implantations sont en Europe, Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Nord, Amérique Latine et Asie Pacifique pour de répondre rapidement aux demandes de nos clients partout dans le monde. Le site d’Argenteuil pour lequel nous avons travaillé avec Algeco fait partie de nos principaux centres de création internationaux.
Plus précisément, Givaudan développe des arômes pour l’industrie agro-alimentaire (entremets salés, snacks, confiserie, produits laitiers, boissons…) et des parfums pour : des marques de soins corporels et d’hygiène, des lessives et des adoucissants, des produits ménagers. Le fer de lance de son activité est la parfumerie fine : Givaudan compte pour clients les plus grands noms du luxe. Nous représentons une véritable puissance de création, grâce notamment à nos nez et à nos aromaticiens évoluant à travers le monde. Pour certaines matières premières comme la vanille, la lavande, le patchouli ou le vétiver, l’entreprise est partie prenante dans la récolte, l’extraction et l’affinage. Car le degré d’exigence en interne et de la part de nos clients est très, très élevé.
Quel était le besoin initial du projet ?
DC : Notre pôle développement informatique, responsable entre autres de la création et de la mise en œuvre de nos propres applications commerciales et techniques, devait être déplacé et nous avions un besoin d’espace urgent pour absorber ce développement. Une réorganisation globale du site d’Argenteuil est en court d’étude, mais elle verra le jour dans quelques années seulement. Que faire en attendant ?
Pour le comité de direction, en coordination avec le département informatique (IM&T), le service achat et le département technique, le choix se présente parmi 3 options pour cette « solution provisoire durable ». En premier lieu, la location de bureaux. Le manque de place à proximité du site, mais surtout la volonté de conserver notre pôle informatique au cœur de notre centre d’Argenteuil, nous ont rapidement poussés à abandonner cette option. Nous avons ensuite envisagé une construction classique. Outre ce même problème de place dans la zone industrielle, le timing a joué contre nous. Localiser, dimensionner, construire, intégrer… cette option aurait amené des délais trop conséquents, alors que le département informatique était de plus en plus à l’étroit. Nous nous sommes ainsi orientés tout naturellement vers le modulaire. L’acteur capable de répondre à l’urgence de la situation et à nos nombreuses exigences n’a pas été difficile à trouver. Seul Algeco présentait le profil ad hoc. L’appel d’offres a confirmé cette intuition.
Algeco a mutualisé ses compétences et expertises au niveau national pour répondre aux impératifs de Givaudan, que ce soit en termes de produit fini haut de gamme, que de sur mesure.
Guillaume PELUCHON : D’emblée, ce chantier a été atypique… et j’ose le dire, emballant ! Cherchez les acteurs capables d’offrir des bureaux de 2,7 mètres sous-plafond, ils ne courent pas les rues… Et la nature même de la demande était inédite car nous n’avions jamais réalisé un tel produit. Ce projet ambitieux et d’envergure représentait un test majeur et une véritable opportunité pour toute l’entreprise de progresser : il s’agissait à la fois de déconstruire nos modules, notamment les décloisonner, pour obtenir la construction souhaitée. Un vrai challenge ! Pour ce « rendez-vous en terre inconnue », j’exagère volontairement le trait, nous avons impliqué Algeco au niveau national afin de mutualiser les compétences et de répondre aux impératifs de Givaudan, que ce soit en termes de produit fini haut de gamme, que de sur mesure. Par exemple, l’idée d’enlever les faux plafonds de nos modules n’allait pas de soi. Malgré le scepticisme initial du bureau d’études, nous sommes pourtant partis sur du plafond apparent. Ce qui a été partie intégrante du succès de ce projet. Une bonne pratique qui nous a donné des idées pour nos futurs chantiers, notamment pour des chantiers avec des contraintes de coûts et de délais très importantes. Pour Givaudan, 700 m2 de faux plafonds en moins ont représenté une économie mais aussi un gain de temps d’une semaine.
Le remarquable agencement des câbles informatiques et l’absence de faux plafonds accentuent l’impression d’espace.
DC : Parfaitement. J’irai même plus loin. Nous avions une certaine idée du modulaire, mais aussi de ce que l’on pouvait en tirer en le… modulant. La création, c’est notre univers. Dans l’architecture aussi ! Le haut de gamme « brut » ne nous intéressait pas : nous souhaitions une création qui répondent à nos priorités : espace ouvert, esthétisme, luminosité et impacts thermiques limités. Le plafond apparent est un exemple de réponse parfaitement pertinente à ces 4 objectifs, notamment parce qu’il sert la lumière naturelle. Ainsi, nous avions opté au départ pour des surfaces vitrées très larges (et plus chères !) mais le recours au plafond apparent nous a permis d’aller sur des baies et fenêtres plus petites… mais dont la luminosité est décuplée par la hauteur du module. C’est exactement comme lorsque l’on aménage une maison : nous avons regardé les volumes intérieurs et imaginés les éléments qui serviraient au mieux ces espaces.
GP : Le choix du plafond apparent peut représenter un atout clé pour les grands espaces ouverts, les bureaux d’études devraient l’intégrer dans leur réflexion. Mais attention : ce choix nécessite une présence de tous les instants car on avance « sur des œufs ». Tout doit être apparent, mais cohérent.
Précisément, que retenez-vous de votre collaboration ?
DC : Nous avons pu compter sur une équipe soudée, professionnelle avec un très fort niveau d’exigence. M. Ledon, en charge des travaux neufs et industriels chez Givaudan et M. Dupont, conducteur de travaux chez Algeco ont remarquablement collaboré ensemble, ce qui a permis d’anticiper et d’éviter les problèmes et d’aboutir à un produit fini haut de gamme. Cette émulation positive a été un véritable moteur tout au long du projet.
Le moindre détail a été pris en compte. Particulièrement pour l’éclairage, la première impression est souvent implacable : une erreur « mise en lumière » et l’on peut trouver tout le luminaire bancal. Par expérience, je peux parier que cette sensation va rejaillir en négatif sur l’ensemble de la réalisation ! Et l’équipe n’a pas hésité à faire et défaire s’il le fallait jusqu’à ce qu’ils soient tout deux pleinement satisfaits. Par exemple l’extracteur en salle de réunion a été jugé trop encombrant, pas élégant : on l’a mis dehors alors qu’il était prévu à l’intérieur.
GP : l’un des points cruciaux sur ce projet est que nous avions affaire à des interlocuteurs très techniques qui connaissaient sur le bout des doigts les contraintes et le concept du modulaire. Résultat : tout est allé plus vite et en bonne intelligence, et nous avons su trouver les réponses adaptées, même quand nous pensions être dans une impasse.
L’esprit soft-industriel est bien présent à travers
un chemin de câble inox apparents, de grands sièges très confortables, de nombreuses lampes aux bras allongés.
DC : Disons que nous n’avons pas perdu de temps sur l’accessoire et pris le temps sur l’essentiel. Par exemple l’escalier n’était pas notre priorité, pour nous, ce n’est qu’une issue. Il fallait qu’il soit conforme : après, le reste… De manière générale, et ce dès l’analyse du devis initial, nous avons établi une véritable approche par besoins. Dans le descriptif de la prestation qu’Algeco nous a transmis, tout était cadré et précis, ce qui a facilité le travail des services commerciaux et achats. Nous savions ce que nous voulions et nous nous sommes mis en d’accord avec Algeco sur le scope de la prestation. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Prenons un exemple pour mieux comprendre les vertus d’un projet. En faisant les calculs, les bureaux d’études montraient que la dimension de la VMC était mauvaise…
GP : Tout à fait. Le bâtiment était largement surdimensionné sur la VMC, presque du simple au double. Marche arrière toute : nous avons installé virtuellement les personnes dans les modules et géré la climatisation au plus près. Nous nous sommes rendu compte que sur certains postes, c’était du luxe.
DC : Nous appelons cela « faire du qualitatif sur du pragmatique ». Calibrer efficacement un projet ne peut se faire que par ce biais. On se renseigne sur la société, qui ils sont, ce qu’ils font. Et l’on ajuste, ensemble. Ici, nous étions partis sur du très haut de gamme. Mais la surenchère au qualitatif peut desservir le projet. Ce qui n’empêche que nous sommes sur du « très beau de gamme » !
A posteriori, de quoi êtes-vous le plus fier dans vos locaux ?
DC : L’ensemble nous convient parfaitement. Ce qui fait la force d’Algeco, c’est que même les prestations standards sont de très bonne qualité. Le vitrage, l’isolation, le traitement de l’air par split system réversible, l’éclairage moderne et économique par LED…
GP : Ce que je retiens, c’est l’installation de 36 modules gamme Progress 2 Feu, 16 modules de 30 m2 et 14 de 18 m2 en un mois et demi seulement avec un degré très élevé d’excellence et d’inventivité. Ce n’est pas tous les jours que nous sommes sur du cloisonnage amovible. Je ne me lasse pas d’admirer nos modules Algeco transformés en open space ultramodernes, lumineux, en mode « Google room ». C’est une immense fierté ! Et une source d’inspiration pour l’avenir… La qualité de la pose a aussi joué un grand rôle dans le bon déroulement des choses.
36 modules gamme Progress 2 Feu,
16 modules de 30m2 et 20 de 18m2 ont été montés en un mois et demi seulement.
DC : Contrairement à ce que l’on peut imaginer, un open space est tout sauf souple. Il faut savoir être très agile et flexible. Le volet phonique a notamment été très travaillé et c’est aussi l’une de nos grandes satisfactions.
Quels sont les retours sur ce nouvel espace ?
DC : Les mots « étonnement » et même « surprise » me viennent en premier. Même si nos employés sont très ouverts, le modulaire n’est souvent pas reconnu à sa juste valeur et peut avoir mauvaise presse ! Mais il n’y a pas eu de rejet. Au contraire, le ressenti est excellent. Il n’y a rien à dire là-dessus : nous disposons de vrais espaces de travail et de convivialité.
GP : Quand je suis rentré tout à l’heure, j’ai vu des sourires. Pour moi, l’essentiel était dit ! Les locaux sont beaux, fonctionnels et avant-gardistes. A titre personnel j’ai particulièrement apprécié avoir un interlocuteur technique plutôt que financier dès la conception du projet. Cela a donné une autre dynamique qui a porté ses fruits : ce projet est un succès total.
À peine 8 jours après sa mise en place, les locaux de Givaudan vivent. Chaque salarié a personnalisé son espace, les plantes vertes fleurissent.
DC : Nous avons mis en place des bureaux qui satisfont les utilisateurs, dans le respect des délais et du budget. Mission accomplie ! L’obsession du détail sur ce projet n’aura pas été vaine, et c’est ce que nous partagent les collaborateurs. Nous disposons d’un très, très beau produit. Unique, de surcroît, à l’image d’un parfum …